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Bibliothèque municipale de Lyon | Ville de Lyon

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    La Bibliothèque municipale de Lyon, une architecture béton

    La Bibliothèque de la Part-Dieu est emblématique d’un mouvement peu en vogue de nos jours, le brutalisme. Minimaliste et austère, utilisant des matériaux dits « bruts » tel que le béton, ce style architectural trouve son apogée entre 1950 et 1980. Inaugurée en 1972, la Bibliothèque municipale de Lyon est l’œuvre de l’architecte Jacques Perrin-Fayolle. Son allure imposante autant que ses volumes répétitifs affichent la marque de son créateur qui réinterprète dans ses projets des architectures à l’esthétique visuelle forte comme celles des grands centres universitaires ou économiques, construits après la Seconde Guerre Mondiale, notamment en Amérique (Mexique, Vénézuela, Etats-Unis). Son travail correspond aussi à une volonté de la Ville de Lyon d’ouverture sur le monde en s’inspirant des constructions modernes à partir du béton.

    Une architecture lisible

    Georges Vermard, Quartier de la Part-Dieu : caserne des cuirassiers avant démolition. (BmL, P0702 B04 16 880 00001)

    Marcos Quinones, Passerelle Vivier-Merle, dite de la Bibliothèque. (BmL, P0741 FIGRP06935 002)

    La Bibliothèque occupe la partie est des terrains d’une ancienne caserne militaire. Avec l’Auditorium, ce sont les deux "rescapés" d’un projet culturel qui se voulait bien plus ambitieux au départ. Lors de son inauguration le 6 décembre 1972, la Bibliothèque est entourée de passerelles, typiques de l’architecture sur dalle, admettant une circulation dissociée pour les piétons et les véhicules motorisés. Aujourd’hui nombre d’entres elles ont été démantelées comme la passerelle Vivier-Merle, dite de la Bibliothèque cédant la place dans les années 90 à un mail piétonnier sur la rue du Docteur-Bouchut.

    Didier Nicole, Bibliothèque municipale La Part-Dieu, façade sud. (BmL, P0742 BibliothequeMunicipale LaPartDieu TP007)

    Didier Nicole, Elagage des platanes devant l'ancienne gare de Lyon Part-Dieu. (BmL, P0742 Architecture GareLaPartDieu N019)

    Didier Nicole, Le 17e étage vide. (BmL, P0742 BibliothequeMunicipale LaPartDieu TP120-2)

    Côté est, face à la gare, les bâtiments accueillent les espaces de travail, de conservation des collections, de livraisons, ainsi que l’entrée du personnel. Un choix assumé au moment de la construction, avant la requalification de la gare, alors dédiée à la circulation de marchandises et au stockage. Le silo, magasin de conservation des documents, aujourd’hui véritable identité de la Bibliothèque est le bâtiment le plus haut. Construit en 3 étapes, chaque partie correspond à une phase de financement entre 1969 et 1970. Le tout est livré en 1972. Une telle rapidité fut possible grâce aux techniques modernes liées à la production de béton sous forme d’éléments préfabriqués assemblés sur place. À l’intérieur des magasins, les 3 phases de constructions se traduisent par la création de 3 sas par étage où domine une véritable forêt de fer, bien visible avant la pose des étagères. Si à l’époque certains redoutaient que les magasins soient surdimensionnés aujourd’hui on apprécie la réalisation totale des 11 900 m2 de stockage dédiés à la conservation.

    Nathalie Bouillaud, Bibliothèque de la Part-Dieu. Vue du silo. (BmL, P0799 010 00299)

    Sylviane Blanchoz-Rhône, Fête des Lumières, 2010 : Le silo à livres de la Bibliothèque de la Part-Dieu. (BmL, P0733 001 00127)

    Didier Nicole, La bibliothèque, côté salle lecteur et silo. (BmL, P0742 BibliothequeMunicipale LaPartDieu TP101-1)

    Didier Nicole, Bibliothèque municipale La Part Dieu, façade nord. (BmL, P0742 BibliothequeMunicipale LaPartDieu TP003)

    L'issue de secours se distingue à l’extrémité du bâtiment par une montée d’escalier comprenant à chaque étage de petits balcons habillés d’un coffrage soigné de couleur beige. Quant au corps principal du silo, il est recouvert de rectangles de céramique noire légèrement biseautés permettant de laisser passer plus de lumière au niveau des ouvertures, sans pour autant avoir une intensité trop forte, néfaste pour la conservation des collections. Si la couleur fut critiquée au départ, l’architecte en chef du projet Part-Dieu, Charles Delfante, arguait que le noir temporiserait les traces dues au dégagement des fumées des cheminées de la gare. Mais pour Jacques Perrin-Fayolle il s’agit d’appliquer une notion clé du mouvement brutaliste à savoir la réunion des fonctions à l’intérieur du bâtiment, tout en distinguant clairement les espaces les uns des autres par un jeu de matière en façade. Un principe qu’il traduit visuellement grâce à différents revêtements et traitements du matériau béton. Ainsi d’apparence commune, rien n’est banal pour celui qui a acquis les codes de lecture de cette architecture. La façade reliée au silo utilise principalement un béton dit cannelé-cassé, réalisé à partir de petits coups de marteau donnés sur les arêtes pour un effet de "rocher" qui matérialise les espaces de travail et de circulation interne autour des magasins de conservation.

    Premier équipement visible depuis la place Béraudier, la Bibliothèque s’est ouverte à l’est, avec la création d’une entrée boulevard Vivier-Merle en 2007. Située à l'angle nord du bâtiment, cette nouvelle entrée accueille le visiteur dès sa descente du train, depuis la requalification de la gare dans les années 80. Juste derrière, des éléments de garde-corps en gros gravillons concassés de couleur foncée servent de soubassement au bâtiment. Au-dessus un décrochement en terrasse permet de circuler tout autour de la Bibliothèque. Enfin, les salles de consultations pour les documents musicaux et les fonds patrimoniaux plus fragiles sont disposées au nord, comme les espaces de bureaux pour le personnel.

    Didier Nicole, Entrée Vivier-Merle de la Bibliothèque. (BmL, P0742 BMLyon-CCPartDieu N025)

    Centre régional de documentation pédagogique (Lyon), Bibliothèque municipale de Lyon. (BmL, P0707 CRDP E08502)

    Côté sud ont été installées les salles de lecture pour l’étude et la consultation des documents modernes. Afin d’éviter une lumière trop pénétrante des éléments de béton sont utilisés comme des brises-soleil et posés sur des encoches apparentes. Un revêtement fait de panneaux préfabriqués en granito blanc signalent en façade ces espaces de travail pour les publics. Ces éléments sont repris sur la façade ouest où se situe l’entrée principale en regard au centre-ville. De part et d’autre, un décrochement dessine comme un grand auvent de béton qui donne de la profondeur à l’espace central. Au-dessous, les piliers en béton brut du bâtiment sont apparents et les salles inférieures largement en retrait par rapport à celles des étages. Un exercice de style qui apporte un peu de légèreté à ce monolithe de béton.

    Didier Nicole, Entrée principale de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu. (BmL, P0742 BMLyon-CCPartDieu N001)

    En 1972, les volumes et les matières appliqués à la Bibliothèque font écho à l’urbanisme de dalle du quartier de la Part-Dieu et ses espaces de circulation cloisonnés. Dans cet agencement, l’idée d’assemblage chère à la conception architecturale de Jacques Perrin-Fayolle se lit à travers une approche visuelle et esthétique de l’emploi des matériaux :

    • Béton brut de décoffrage
    • Plaque préfabriquée avec des petits galets ronds concassés sur la façade postérieure ou plaque préfabriquée en granito blanc poli pour la façade principale et les espaces de lecture
    • Béton brut à coffrage de planche pour les pilotis extérieurs
    • Eléments de garde-corps en gros gravillons concassés de couleur foncée
    • Plaquette en céramique brillante pour le silo
    • Béton cannelé cassé de couleur ocre pour les espaces de circulation

    Archives de la BmL, Plan d'architecte de Jacques Perrin Fayolle. (BmL)

    Le béton comme identité

    Nathalie Bouillaud, Fresque sur béton de Denis Morog. (BmL, P0799 010 00263)

    La relation entre les espaces, l’environnement et la matière, est au cœur du projet de construction de la Bibliothèque. Une préoccupation qui se retrouve aussi dans le traitement décoratif du béton à l’intérieur du bâtiment avec l’œuvre de Denis Morog, pseudonyme de Jean-Paul Delhumeau. Graveur, peintre, sculpteur, auteur, comédien et surtout grand plasticien, il est plus qu’un collaborateur pour Jacques Perrin-Fayolle. Morog a déjà couvert les grands murs de béton de signes et de symboles plus ou moins abstraits sur le projet du centre universitaire de la Doua.

    Pierre CLavel, Bibliothèque municipale de Lyon. (BmL, P0707 CRDP R26474-13)

    Nathalie Bouillaud, Entrée principale de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu. (BmL, P0799 010 00272)

    Nathalie Bouillaud, Fresque sur béton de Denis Morog. (BmL, P0799 010 00255)

    Discrets, les décors de Morog sont réalisés en creux ou en relief et forment un langage mystérieux et universel sur de très grandes surfaces. Depuis le sous-sol jusqu’au 5e étage, c’est une véritable tapisserie de béton qui se déploie sur 34 m de haut et 15 m de large et qui modèle le mur par un jeu en creux et ressauts avec des éléments répétitifs. On retrouve d’autres « muraux » dans la Bibliothèque intégrés dans la masse du béton où les reliefs semblent induire un langage savant entre oralité des cultures et glissement vers un savoir écrit.

    L’artiste travaille à partir de plaques chauffées de polystyrène qui sont appuyées sur le béton pour laisser l’empreinte de son décor. Chaque matrice ne sert qu’une seule fois. Le béton préfabriqué, sans véritable originalité, devient unique une fois marqué par les matrices de Morog, similaires et pourtant différentes, tels les flocons de neige.

    La Part-Dieu : « archi brut » ou projet brutalisé

    Georges Vermard, Immeuble RTE. (BmL, P0702 B04 16 218 00009)

    Pierre CLavel, Quartier de la Part-Dieu. Construction du centre commercial. (BmL, P0707 CRDP E09219)

    Georges Vermard, Quartier de la Part-Dieu. (BmL, P0702 B04 16 195 00003)

    Depuis ses débuts le projet Part-Dieu n’a cessé d’être réadapté, modulé, transformé, réinterprété l’éloignant des plans initiaux. Rapidement confronté à des contraintes budgétaires et des objectifs divergents, la conciliation des différents acteurs relève d’un exercice d’équilibriste. Outre des budgets de plus en plus contraints, le refus de la SNCF de requalifier la gare, alors dédiée au transport de marchandises, fait émerger une pression de la part des investisseurs du centre commercial qui obligent les dirigeants à augmenter le nombre de places de stationnement pour les véhicules et faire de la circulation une priorité, les années 70 étant l’ère de la voiture.

    Le quartier de la Part-Dieu s’organise sur les principes de la Charte d’Athènes définis lors du IVe Congrès international d'architecture moderne (CIAM) sous l’égide de Le Corbusier en 1933 prônant la fonctionnalité et la séparation des espaces : travailler - se loger - se cultiver - circuler. Ainsi, le secteur se modèle autour de grands axes rectilignes pour la circulation des véhicules, des passerelles (aujourd’hui quasiment toutes démantelées) pour les déplacements piétons, des immeubles d’habitations (Jean Zumbrunnen pour Moncey ou Christian de Portzamparc pour le nouvel ilot Desaix), une zone de commerce (Régis Zeller revisité par le néerlandais Winy Maas), une cité administrative et des équipements culturels : Pottier pour l’Auditorium et Perrin-Fayolle pour la Bibliothèque municipale de Lyon, au côté d’une maison de la radio, d’un théâtre et d’autres équipements qui eux n’ont jamais été réalisés. Les premiers plans de masse sont dessinés dès la fin des années 50. Mais très vite les contraintes se multiplient et les dissensions entre les différents acteurs s’intensifient.

    Sous le mandat de Louis Pradel (1957 à 1976), ce qui devait être un vaste projet unitaire laisse place à une construction désordonnée. La cohérence du plan d’ensemble dénaturée apporte une réponse partielle aux besoins d’extension de nombreuses institutions un peu trop à l’étroit dans les constructions anciennes du centre-ville. Séparés par le centre commercial, la Bibliothèque et l’Auditorium s'imposent par leur taille et leur capacité d'accueil. Il est sans doute heureux que la Bibliothèque municipale de Lyon ne fut pas le premier chantier de bibliothèque pour le cabinet Perrin-Fayolle qui avait déjà une certaine expérience en la matière. Il s’agit de sa 3e réalisation en région après la Doua (1963) et la bibliothèque de l’école centrale (1961-1965).

    Lyon Figaro, Quartier de la Part-Dieu. (BmL, P0901 FIGRPTL0195 03)

    Aux origines du quartier Part-Dieu

    La Part-Dieu. Plan scénographique. (BmL, B02CP6900 001068)

    Lyon. - Caserne de la Part-Dieu. (BmL, B02CP6900 001125)

    Cédric Croissant, La Part-Dieu : passé, présent, futur. (BmL, P0934 001 00002)

    Aujourd’hui centre d’affaires au cœur de Lyon, le quartier de la Part-Dieu s’est élevé sur les terrains d’une caserne militaire vaste de 22 hectares. Cette dernière fut construite sur une ancienne ferme, dont les terrains ont été cédés aux HCL par Madame de Servient suite à un fait divers tragique :

    Le 11 octobre 1711, la foule, de retour de la vogue de Saint-Denis-de-Bron, se presse devant les portes fermées du pont de la Guillotière. En sens inverse, le carrosse de Madame Servient… les gardes ouvrent les portes, la foule se précipite, le carrosse accroche un chariot, la panique gagne la foule….des centaines de personnes sont écrasées ou noyées. Touchée par cette tragédie, Madame de Servient propose sa propriété de la Part-Dieu le 8 juillet 1725 ainsi que certains de ses terrains de la Part-Dieu à l'Hôtel-Dieu (les hospices civils ne sont créés qu'en 1802). Contrairement à ce que la légende populaire véhicule, ce n’est pas un don mais un viager avec un versement de 55 000 livres, plus une pension annuelle de 6 000 livres et la prise en charge de son enterrement et messes basses quotidiennes à perpétuité...Décédée en 1733, l'hôpital aurait finalement versé 104 000 L pour un bien estimé à 80 000 .

    Lorsque l’état devient propriétaire des terrains en 1844, il fait rapidement édifier sur ces terres inondables et agricoles des bâtiments militaires. La caserne de la Part-Dieu regroupe les unités de cavalerie nommées les dragons. Ce n’est qu’en 1962 que la ville de Lyon acquiert la caserne pour étendre la cité à l’est et désengorger le centre-ville. Ainsi on a pu lire dans le passé pour décrire l’évolution de la Part-Dieu 3 mots : Moutons, Dragons, Bétons

    Un demi-siècle plus tard, le quartier est en pleine restructuration. Agrandissement, piétonisation, réhabilitation… les principes qui ont été à la base de sa construction – circuler ; travailler ; se cultiver ; consommer – sont plus que jamais d’actualité. Suivant cette modernisation, la Bibliothèque s’inscrit dans ce paysage urbain en pleine mutation réinterrogeant la cohabitation des styles, des courants architecturaux et des volumes mais surtout des services offerts aux publics.

    Didier Nicole, Travaux parking. (BmL, P0742 Architecture QuartierLaPartDieu D008-2)

    Sources et références

    Disponible au catalogue de la BmL :

    Sur le web :

    Plus d'images à découvrir dans des albums de la base Photographes en Rhône-Alpes Et aussi dans les archives de l'INA :

    Auteur du dossier : Virginie De Marco

    Pour citer cet article

    Référence électronique

    Virginie De Marco, La bibliothèque municipale de Lyon, une architecture béton, numelyo [en ligne], mis en ligne le 2023-07-05, consulté le 2024-05-18 14:22:18. URL : https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_00GOO01001THM0001_BmL_1972_archi

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